Aucun ingrédient ou additif n’a de pouvoir addictif hormis la caféine
Il y a une Addiction à un comportement alimentaire (eating addiction) et non à un aliment (food addiction) +++
Modèle d’addiction à un comportement alimentaire :
– surconsommation alimentaire
– craving : épisode de frénésie alimentaire
– conduites de contrôle du comportement alimentaire : restriction cognitive
Les aliments ont des efffets récompensants mais essentiellement lorsque la faim est présente et que la personne a une préférence pour ceux qui sont présentés. Cette effet récompensant est également présent en cas d’émotion pénibles.
L’alimentation, comme la reproduction est motivée par le désir et le plaisir, contrôlée par des circuits de la récompense.
Les produits addictifs empruntent des circuits neuronaux similaires et non l’inverse
Le fait de mobiliser les mêmes circuits neuronaux ne suffit pas à valider le concept d’addiction à un aliment.
Physiopathologie :
On se fie à ses sensations alimentaires, guidées par les signaux que nous adressent nos centres nerveux chargés d’adapter nos consommations à nos besoins physiologiques.
Le système faim-satiété (situé dans le noyau arqué hypothalamique) contrôle le besoin de manger, modulé par les besoins énergétiques. Un second système, dit hedonique, motive à manger un aliment plutôt qu’un autre.
Tel ou tel aliment semble capable d’apporter davantage de plaisir gustatif (wanting), contrôlé par le système dopaminergique mesolimbique : noyaux parabrachial, accumbens et pallidum ventral.
Lorsqu’il est consommé, les circuits du plaisir s’activent : liking.
(Amygdale, striatum, thalamus mediodorsal, cortex fronto orbital, avec opioides et endocannabnoidesendogenes comme neuromédiateurs).
Puis le plaisir gustatif s’estompe : rassasiement sensoriel spécifique, signalant la fin de la consommation de l’aliment du moment.
Le comportement alimentaire est adaptable en fonction de l’environnement, des traditions culturelles et sociales.
Addiction à un comportement alimentaire :
Le moteur de cette addiction comportementale est un renforcement négatif : l’individu cherche le plaisir pour générer des sensations et émotions intenses en vue d’éviter des émotions et pensées pénibles, pour rétablir l’homéostasie émotionnelle. Il se crée une dépendance aux conduites d’évitement : plus l’individu évite ses inconforts émotionnels et plus sa tolérance à ses émotions diminue ce qui le conduit à augmenter ses conduites d’évitement.
Autres addictions comportementales:
– travail
– achats
– sports compulsifs
– jeu pathologique
– addiction aux écrans
– divers TCA : anorexie mentale, boulimie , hyperphagie boulimique.
Danger du mode d’alimentation raisonné :
Fondée sur des règles afin de contrôler son poids avec dérive progressive vers le syndrome de restriction cognitive.
L’alimentation raisonnée ne tiens pas compte de ses sensations de faim, de satiété et de ses appétits spécifiques.
Perte du plaisir de manger et perte du maintien de l’homéostasie émotionnelle.
Le contrôle cognitif devient difficile à contrôler avec le temps.
Les efforts de contrôle entraînent un trouble du réconfort et génèrent de nouvelles émotions pénibles d’ordre alimentaire : peur d’avoir faim, de craquer, de manquer des aliments interdits, culpabilité
Les échecs de contrôle entraînent une perte de l’estime de soi, dépression , anxiété , honte, colère et culpabilité
Désintérêt pour autres tâches : professionnelles, scolaires , personnelles, sociales
Le tableau de restriction cognitive mime le tableau d’addiction comportementale : les stratégies de contrôle du comportement alimentaire finissent par devenir une technique d’évitement émotionnel ce qui conduit à une diminution de la tolérance émotionnelle et donc à un renforcement négatif du contrôle
Solution thérapeutique :
– Faire un travail psychothérapeutique visant à augmenter la tolérance émotionnelle de l’individu afin de rendre moins utile le recours à des comportements d’évitement émotionnels (craving : épisode de frénésie alimentaire)
– rechercher les facteurs d’entretien du dysfonctionnement liés à des traumatismes, des épisodes de vie, des troubles de personnalité
– si une restriction cognitive est présente, ne pas interdire ou restreindre les aliments à haute densité énergétique mais, les dédiaboliser, les banaliser afin de les manger sans culpabilité et à l’écoute de ses sensations alimentaires
Ceci permet de limiter leur consommation.
– Retrouver un mode d’alimentation intuitif et non raisonné
L’alimentation intuitive est guidée par les sensations alimentaires.
Exercices comportementaux visant à renouer avec leur faim permettant de re accéder au plaisir de manger.
Être à l’écoute de ses sensations de rassasiement (ne pas consommer plus que le corps ne le demande).
Être à l’écoute de ses appétences (manger ce dont on a véritablement envie).
Manger quand la faim se présente même si ce n’est pas l’heure.
L’alimentation émotionnelle favorise la restriction cognitive.
Proposer un travail à la fois sur désordres alimentaires d’ordre émotionnel et sur la restriction cognitive.
Proposer un travail sur l’estime de soi car souvent il y a une honte corporelle, une haine ou un rejet de son propre corps.